La Pierre Gayet, à Tillet, près de Sainte Ode, est l’un des joyaux culturels de la province de Luxembourg.
Bien qu’elle soit plus vieille que la jolie Julie Gayet, qui ne fait pas son âge, elle, la Pierre Gayet reste un témoin très ancien de la période pré-chrétienne de notre province.
Placée autrefois sous de vieux tilleuls, au centre du village, la pierre du Gaët, du mot « gaët », qui signifie « taureau » en Wallon, servait au sacrifice des taureaux, selon la tradition locale.
Ce rite servait à s’attirer les bonnes grâces des dieux de l’Agriculture pendant l’Âge du Bronze et la période gauloise, mêmes si les bovins pouvaient penser que seules les peaux de vache le pratiquaient.
Le sacrifice volontaire d’une ressource de valeur comme un taureau, capable de travailler, de se reproduire et de fournir des tas et des tas et des tas de steaks (c’est la période des barbecues qui recommence et j’ai faim alors que j’écris ceci) montre une réelle volonté d’investir dans la confiance.
Surtout que la viande, ensuite, était brûlée sur la pierre sacrificielle, afin que l’odeur de cette offrande de feu, une holocauste, monte jusqu’aux narines des dieux (et donc, personne ne la mangeait :-/).
De nos jours, certains pays de confession musulmane, comme le Pakistan, pratiquent encore le sacrifice du taureau lors du grand festival Eid-ul-Azha.
Les taureaux choisis pour ce festival sont des prix de beauté, engraissés, bichonnés et décorés pour aller à la fête, mais ce n’est pas parce qu’on vous bichonne et qu’on vous fait des sourires qu’on ne vous saignera pas à blanc après…
Regardez le gouvernement, c’est la preuve vivante que ce rite existe encore chez nous…puisqu’il nous prend pour des vaches à lait, alors que nous ne sommes pas des boeufs.
J’ignore ce que cela donnait comme résultat à l’époque, mais il me semble que depuis qu’on ne sacrifie plus de taureaux, et que les ministres ont remplacé les dieux, les choses vont mal pour les agriculteurs en Belgique…et que certaines personnes gueulent comme des veaux.
Pendant la période romaine, après la conquête, les magistrats, les nobles ou les riches sacrifiaient parfois un taureau afin de consulter l’avenir en lisant dans ses tripes sanglantes et encore chaudes…sans doute aussi pour savoir si ils allaient manger de la vache enragée ou de la vache maigre.
C’est pour cette raison que les temples grecs et romains, gaulois même, étaient parfois décorés de bucrânes, des crânes de boeuf, afin de montrer la richesse du clergé local ou de garder un souvenir de ce bifteck qui avait annoncé une bonne nouvelle.
Le sacrifice d’un taureau, aussi appelé une « Tauroctonie », relevait également des rites de certaines sociétés philosophiques secrètes qui cherchaient à mieux comprendre l’univers et se comprendre elles-mêmes, à l’instar des franc-maçons, comme le Mithraisme.
Afin de ne pas mettre la charrue avant les boeufs, il faut quand même parler un peu de la fonction originelle de ces pierres, mais sans en ruminer la destruction.
Les archéologues pensent également que cette structure constituait, pendant la Préhistoire, un dolmen, une de ces tombes monumentales qui fait l’honneur de cette période trop souvent dévaluée et rabaissée, même si on en trouve beaucoup de traces sur le plancher des vaches.
Comme vous vous en souvenez certainement, « dolmen » signifie « table de pierre », en vieux celtique, ça fait d’ailleurs encore vachement bien d’en avoir une dans son jardin.
Le bâtiment d’origine devait être sensiblement plus important, et offrir un espace plus large à l’intérieur, ce qui indiquerait que de nombreuses pierres ont été perdues, déplacées ou réutilisées pendant la succession des siècles.
Au Moyen-Âge, les nouveaux arrivants dans le village devaient s’y asseoir à califourchon et vider d’un trait une cruche de lait… même si je pense qu’il s’agissait plutôt de bière ou de vin lorsqu’il s’agissait d’un adulte.
En espérant que le rite ne se pratiquait pas lorsqu’il pleuvait comme vache qui pisse, il fallait quand même être fort comme un boeuf pour tenir le coup.
L’une des pierres de la Pierre Gayet servit à construire un calvaire placé non loin de là, tandis qu’une autre sert à maintenir un ponceau sur la rivière voisine.
Placée devant l’église, qui fut sans doute bâtie à l’emplacement d’un temple gaulois, puis romain, car ces deux nations savaient l’importance et l’intérêt du recyclage, elles, cette pierre est encore actuellement fréquentée par la population moderne de Tillet.
On s’y balade, on s’y assied, on y boit un coup en discutant de choses et d’autres…
Cela me fait un effet boeuf de constater cette survivance d’un patrimoine millénaire fréquenté par une population moderne vraiment géniale.
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