CANNES 2024>UN VENT DE PALME D’OR

Mai 19, 2024 | 2024, ACTUALITES, chroniqueur, Cinema, Festival de cannes, infos, Mai, Mois, News, Rubriques, Thibaut Demeyer

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EMILIA PEREZ DE JACQUES AUDIARD SÉDUIT CANNES

Depuis la projection officielle d’hier soir, on ne parle que du film de Jacques Audiard « Emilia Perez », détenteur potentiel d’une seconde Palme d’or après « Dheepan » en 2015. Thibaut Demeyer & (Photos)Brigitte Lepage.

Jacques Audiard était passé en 2009 à un cheveu de la Palme d’or avec « Un prophète ». Le jury ayant préféré « Le ruban blanc » de Michael Haneke. C’est ainsi que le fils du célèbre dialoguiste Michel Audiard a dû patienter jusqu’en 2015 avant d’obtenir la consécration suprême avec « Dheepan » qui, à ce jour, n’est pas vraiment son meilleur film.

Ce qui est bien chez Audiard, c’est qu’il ne reste pas enfermé dans sa zone de confort, pour utiliser une formule actuelle, jouant la carte de la paresse en nous présentant toujours le même genre de film. Audiard est un explorateur cinématographique passant par tous les genres, hormis pour l’instant, le cinéma d’épouvante. Avec « Emilia Perez », il nous propose un thriller, drame, comédie musicale. Un mélange de genres risqué aux allures d’un quitte ou double.

Dès la scène d’ouverture, avec cette jeune avocate qui chante et danse dans les rues de Mexico, on sait que l’on va assister à un grand film tout en ignorant à quel point, mais aussi passionnant, à la mise en scène spectaculaire, avec une musique d’une énergie affolante. A l’issue des 2h10 de spectacle, on n’a qu’un seul mot en bouche « waouw ! ».

Pourtant, à la lecture du pitch, on peut s’imaginer que l’histoire d’« Emilia Perez » est too much :   surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être. 

Erreur ! Il ne faut jamais juger sans avoir vu car « Emilia Perez » est avant tout une œuvre traitant des sujets du moment comme le mouvement #Me too dont on ne cesse de parler depuis l’ouverture du Festival, la place de la femme dans un monde d’homme, la violence conjugale, l’homosexualité, l’appât du gain, les questions du genre et de l’identité, les nouvelles parentalités, le repenti etc. Le tout s’emboîtant parfaitement, offrant une histoire fluide, interpellante, schizophrénique à l’image du Mexique actuel, comme le définit Jacques Audiard. Dès lors, « Emilia Perez » est loin d’être une histoire « too much ».  

Bien entendu, ce film n’aurait pas la même valeur sans la qualité des protagonistes avec en tête Zoe Saldana dans le rôle de l’avocate où elle chante, danse et bien entendu joue la comédie. Une prestation qui frise la perfection et pourquoi pas, un prix d’interprétation ? Face à elle, Karla Sofia Gascon, transsexuelle qui, elle aussi, est une véritable révélation incarnant « Emilia Perez » avec justesse, pudeur, lui donnant ainsi la raison d’être. « Emilia Perez » est un grand moment cinéma comme l’a été auparavant « Un prophète » Prix du jury à Cannes en 2009.

Légende photos : Zoe Saldana; Selena Gomez; Jacques Audiard – (c) Brigitte Lepage

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