PALMARÈS FESTIVAL DU FILM ITALIEN DE VILLERUPT
Ce vendredi soir, les différents jurys du Festival du Film italien de Villerupt ont rendu leur verdict lors de la 46è édition des Amilcars. Retour sur la soirée. Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.
Le jury officiel présidé par Dominique Besnehard a attribué son Amilcar à « Come Pecore in Mezzo Ai Lupi » de Lyda Patitucci. Leur choix a été motivé de la sorte : « ce film a fait l’unanimité au sein de notre jury pour sa maîtrise technique et son attraction organique sur le spectateur. Nous suivons la solitude de l’héroïne et des autres personnages pas à pas sans jamais que l’attention ne retombe. On ressort sonné par ce film qui évidemment nous parle du monde dans lequel nous vivons. »
« Come Pecore in Mezzo Ai Lupi » raconte l’histoire de Stefania (Isabella Ragonese) qui est une policière athlétique à qui l’on confie des missions dangereuses. Sous couverture, elle est chargée d’infiltrer une bande de serbes violents aux ordres de Dragan (Alan Kati´c). Le monde du grand banditisme. Tout le contraire de Bruno (Andrea Arcangeli) et Gaetano (Gennaro Di Colandrea), deux malfrats sans envergure qui se sont connus en prison. Le jour où Bruno obtient une information sur un important transfert de fonds, il se met en relation avec la bande de Dragan pour réaliser le gros coup qui pourrait changer sa vie. Une réunion est prévue. Lors de la rencontre, Stefania reconnaît son frère avec qui elle a rompu toute relation depuis des années et Bruno reconnaît Stefania sous les traits de celle qui se fait appeler Vera. Pour l’un et pour l’autre c’est le moment du choix…
Concernant le jury de la critique, il a porté son choix sur le film d’Alice Rohrwacher « La Chimère » qui avait été présenté en compétition à Cannes. Un choix identique au jury des exploitants mais pour des raisons différentes. En effet, le jury de la critique ayant motivé son choix par ses mots : « Pour sa capacité à forger un monde onirique et original dans une Italie sans âge, à nous emporter dans les méandres de ses mondes sans tout expliquer, son talent pour composer des images de cinéma qui marquent et une troupe de personnages complexes, et enfin pour sa manière poétique, humoristique et ancestrale d’explorer les tréfonds de sa grande bande de héros par la chanson. » alors que le jury des exploitants s’est exprimé par ses mots : « On retrouve dans cette fable poétique et sociologique, une bande de pilleurs de tombes fantasque et déjantée, avec le merveilleux Josh O’Connor dont la sobriété du jeu porte le film. Les personnages rappellent ceux de Kusturica, avec cette graine de folie commune qui fonctionne comme une mécanique de groupe, et nous entraine avec elle. L’inaccessible quête de chacun, la beauté des décors naturels à travers une Italie pittoresque, font de ce film un petit bijou.».
« La Chimère » d’Alice Rohrwacher se déroule en Toscane, années 1980. Arthur (Josh O’Connor) est un jeune archéologue anglais qui vient d’être libéré de prison. Il est dans un train, endormi, et il rêve d’une femme sur une plage, Beniamina (Yile Vianello), son amour perdu : chacun suit sa chimère, Arthur cherche la voie pour la retrouver. À la descente du train il est récupéré par ses anciens amis, ses complices, dont il voudrait se défaire. Ce sont des pilleurs de tombes, très actifs sur le marché clandestin des objets archéologiques qu’ils dérobent dans les tombes étrusques et Arthur leur est indispensable car il a le don de percevoir la présence des tombes. Un don dont il aimerait se passer, car le vide qu’il ressent dans la terre correspond à celui que laisse en lui le souvenir de Beniamina.
A noter que le jury de la critique a également tenu à apporter une mention spéciale à l’actrice principale du film « Primadonna » en l’occurrence à Claudia Gusmano pour « Pour sa justesse, sa subtilité et sa sobriété dans le rôle d’une jeune Sicilienne qui se rebelle, dans les années 1960, contre la terrible loi du « mariage réparateur », qui imposait aux femmes d’épouser leur agresseur. »
Quant au jury jeune, il a plutôt été séduit par le film « Amusia » de Marescotti Ruspoli et motivé leur choix par « le choix du Jury Jeunes s’est tourné vers une réalisation que nous avons particulièrement apprécié par son esthétique sonore, visuelle et sémantique. Ce long-métrage nous a offert une expérience acoustique exceptionnelle par le choix des musiques et la singularité du mixage, nous plongeant d’autant plus dans l’univers de nos protagonistes. Le Jury Jeune a été unanime quant au visuel du film, qui en a fait de lui notre coup de cœur. Un jeu de lumières remarquablement harmonieux et un mélange des couleurs admirable dans le prolongement implicite du scénario. Ce film nous a offert des plans tout à fait originaux et dans une mise en scène incroyable avec notamment un lieu qui nous a particulièrement tous marqué. Je finirais sur l’évocation de cette thématique peu connue et pourtant novatrice ; une découverte pour tous les membres du Jury Jeunes.»
« Amusia » est l’histoire de Livia (Carlotta Gamba) qui a grandi avec des parents qui vivaient pour et par la musique, mais ni son père (Maurizio Lombardi) ni sa mère (Fanny Ardant) ne sont arrivés à lui faire partager leur passion. Livia n’est pas sourde, mais elle semble insensible à la musique et même en être incommodée. Elle s’est enfuie de chez elle, sans bagages, et se présente à la réception du Motel Amour pour y passer la nuit. À la réception, Lucio (Giampiero De Concilio) s’étonne. Le motel est connu pour être un lieu de rencontres fugaces. Le lendemain, Lucio et Livia font plus ample connaissance, même si elle se montre plutôt discrète. Lui vit seul, avec ce petit emploi de réceptionniste, quelques soirées dans une salle de billard ou dans un dancing suranné où il passe de la musique pour un public plutôt âgé. C’est par la musique que Lucio lutte contre sa solitude, alors que c’est la musique qui isole Livia des autres.
(c) Brigitte Lepage – légende : Jamine Trinca, Amilcar de la ville de Villerupt. A gauche, le maire de Villerupt. A dt Oreste Sacchelli, délégué artistique
Et enfin, place au public avec son Amilcar qu’il a décerné contre toute attente au film « Primadonna » de Marta Savina alors que l’actrice Jasmine Trinca s’est vue décerner l’Amilcar de la ville de Villerupt.
Revivez la cérémonie des 46è Amilcar du Festival du Film italien de Villerupt :
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