Pugna Nobilis est un groupe de reconstitution historique essentiellement centré sur les arts martiaux européens du Moyen-Âge tardif et de la Renaissance.
Fondé en 2005 à Namur par Fabrice De Backer, votre serviteur, lorsque je me suis lancé dans la recherche scientifique sur les arts martiaux européens de cette époque, l’antenne luxembourgeoise fut fondée bien plus tard, lorsque j’ai déménagé à Arlon.
En latin, « pugna » veut dire « le combat, la force », et « nobilis » signifie « noble ».
Cette devise a été choisie afin de démontrer que nous ne cherchons pas à faire les beaux avec des tenues chamarrées et des longues armes pour propager une fausse image de notre période auprès du grand public.
Au contraire, la maîtrise des armes et des tactiques que nous utilisons assure à notre groupe une certaine réputation de qualité et d’historicité qui nous vaut d’être invités à de nombreux événements en Allemagne, en France, en Angleterre, en République Tchèque et en Suisse.
Notre objectif est l’étude et la pratique des tactiques et techniques de combat anciens, seuls ou en formations, afin de mieux en saisir la substantifique moelle et de pouvoir mieux appréhender les petites histoires de l’Histoire.
La province de Luxembourgeoise est très riche en événements liés à la fin du XVème et du XVIème siècle, entre le passage de Charles Quint, la famille des La Marck, Nicolas de Salm et tant d’autres…
Nous avons donc choisi de nous intéresser à la période qui s’étend de la fin du Duché de Bourgogne, vers 1476, jusque celle des lansquenets, vers 1550.
Comme vous le savez, les lansquenets sont ces mercenaires d’origines germaniques qui servaient dans les armées du Saint Empire Romain Germanique pour combattre les vélléités d’indépendance de la Confédération Helvétique et les ambitions des Français.
En Allemand, le « Lands–Knecht » signifie Land, “de la (plate) région”, Knecht, “le combattant”, et désigne les troupes recrutées par Maximilien d’Autriche pour combattre les Suisses, occupant les montagnes, qui sévissaient en Europe de l’Ouest entre 1350 et 1550.
Le nom des Lansquenets faisait donc directement opposition à celui des combattant des montagnes, puisque les Helvètes vivaient essentiellement dans les hauteurs.
Une légende urbaine raconte que le nom de Schweiss aurait été donné par les lansquenets aux Helvètes, comme une insulte visant un certain type de relation que les bergers des montagnes auraient pu avoir avec les moutons pendants les longues périodes passées dans les Alpes.
Les Helvètes, eux, s’appelaient plutôt des Reislaufern, des Reis, ” de voyage”, et Laufer, “courreur”, donc des coureurs de chemins, des aventuriers.
Les lansquenets s’armaient, s’équipaient et s’entraînaient à leurs frais, puis ils s’engageaient dans une compagnie, le fähnlein, en signant un contrat qui comprenait une cinquantaine d’articles et de principes à respecter.
La base des régiments de lansquenets reposait sur de multiples séries de piquiers, les Spiess, “piquiers”, qui portaient une arme longue de parfois six mètres.
Grâce à l’extrême longueur de cette arme, les chevaux de la terrible chevalerie médiévale s’empalaient sur le manche de l’arme et s’effondraient avant d’avoir pu atteindre le fantassin qui la portait.
Cela impliquait tout un entraînement spécifique, car il fallait, pour que cette tactique fonctionne correctement, que les soldats reste en groupe serrés en organisés, sans se gêner, ce qui impliquait des serre-gens, qui deviendront des sergents.
Savoir garder la formation compacte et organisée est la clef de la victoire, c’est pourquoi il fallait pouvoir coordonner les mouvements, grâce à des fifres et à des tambours qui jouaient le rôles des radios actuelles pour transmettre les ordres.
Au centre des régiments, on trouvait également le fahne, le drapeau, qui permettait à la fois aux soldats de savoir où ils devient se regrouper, et à leur officier de savoir quelle unité se situait où sur le champ de bataille.
Lors des déplacements, les quatre coins des grands carrés de piquiers étaient protégés par des Schützen, “des tireurs”, là l’arbalète, à l’arc et aux armes à feu, afin de contrer toute éventuelle embuscade menée par de la cavalerie ennemie.
Les flancs des carrés de piquiers étaient aussi couverts par des Halleberdiers, des “hallebardiers”, qui portaient des armes plus courtes, avec des fers de hache, des crochets et des pointes de lance, voire des épées à deux mains.
L’avant des régiments était souvent précédé par les Groupes d’Enfants Perdus, les “Verloren Rotten”, dont la mission étaient de foncer au sein des unités ennemie.
Le choix du Blütfahne, le « Drapeau de Sang », pour désigner notre groupe répond bien à cette mentalité.
Seuls les plus experts au combat, les condamnés ou les plus téméraires pouvaient faire partie de ces troupes d’élite, qui chargeaient les carrés de piquiers ennemis afin d’y désorganiser les rangs, pour que leurs propres piquiers puissent s’y enfoncer.
De cela résultait une mort certaine… ou un prestige immense, avec la part de butin qui accompagnait les éloges.
Pugna Nobilis se préoccupe essentiellement de faire de la recherche historique sur la vie des guerriers des XVème et XVIème siècles.
Pour ce faire, nous cherchons à comprendre en pratiquant ce que les lansquenets d’alors pratiquaient… à l’exception du viol, de l’incendie, du pillage, des massacres et des épidémies.
En haut de l’échelle, il y a le Hauptman, le capitaine, qui n’est pas le chef, il est le responsable du groupe.
Il organise les entraînements, dispense les cours de combat et dirige les évolutions de groupe. Il est toujours à la recherche des bons plans pour équiper ses troupes avec ce qui se fait de mieux à moindre prix.
Le Hauptman cherche toujours un événement où Pugna Nobilis peut à la fois apprendre des autres groupes, s’entraîner avec les autres groupes et montrer ce qu’il sait faire aux autres groupes.
En charge des relations publiques, des relations avec les partenaires étrangers et de la logistique en général, il sait s’entourer de personnes innovantes et fiables.
Le Feldweibel, ou le Sergent du champ de bataille, gère l’organisation de troupes pendant les exercices, forme le point de repère des manœuvres et s’occupe de l’approvisionnement en nourriture pendant les événements.
Le Feldweibel est l’adjoint du Hauptman, il veille aux détails du service et à la netteté du camp.
Les Fahnrich portent le drapeau de la compagnie et du régiment, qui ne doivent jamais tomber en des mains ennemies.
Comment envisages-tu la motivation des gens qui voudraient rejoindre Pugna Nobilis ?
Après une journée crispante ou surchargée, je pense que beaucoup de gens recherchent quelque chose d’enrichissant, d’intensif et de plus réaliste qu’un jeu de baston médiévale sur une console de jeu.
Il me semble que l’immersion presque complète dans les activités d’une autre époque permet de se changer les idées et de se sortir de la routine quotidienne, car c’est aussi de cela qu’il s’agit.
Et puis, avec le temps qu’on passe à son hobby, on y fait de belles rencontres.
Nous cherchons également à transmettre les connaissances et découvertes que nous faisons au grand public, car ce n’est plus en regardant la TV ou en allant sur internet qu’on apprend.
Peu de gens ont encore le temps de pouvoir se consacrer à la lecture d’un livre avec le rythme et les soucis de la vie moderne.
Nos prestations leur donnent l’occasion de voir un autre aspect de leur histoire européenne et locale.
Pugna Nobilis désire aussi développer l’attractivité touristique d’Arlon et du Luxembourg belge en général, par l’organisation de manifestations qui draineraient des groupes étrangers.
Reconstitution historique “Nicolas de Salm” – Destination Ardenne (infoardenne.com)
Nous voulons aussi tisser des liens de coopération avec des partenaires solides et sérieux, publics ou privés, pour atteindre nos objectifs.
Au final, à travers ces voyages, ces visites et ces rencontres, nous cherchons aussi à nous amuser en apprenant.
Comment fonctionnez-vous pour les entraînements ?
Très bien 🙂
Chaque membre qui rejoint Pugna Nobilis commence par l’apprentissage de la pique, qui mesure quand même presque cinq mètres de long, et de la dague, pour le corps-à-corps.
Cette phase d’initiation obligatoire permet aux membres de se familiariser avec les tactiques de base et de s’équiper petit à petit.
Au fur et à mesure que la maîtrise avance, il ou elle peut choisir d’apprendre l’escrime à la dague, à l’épée, à la hallebarde, et avec un drapeau.
Quels sont vos moyens disponibles ?
Chaque membre qui rejoint Pugna Nobilis s’équipe à ses propres frais avec son propre matériel, mais il doit le faire de manière constante.
Nous ne vendons rien et nous ne prêtons rien à long terme : cela évite de créer des frictions entre les membres.
Nous accompagnons et conseillons les membres dans la recherche d’artisans, de tenues, de couleurs, de patrons si ils veulent se lancer dans la couture, d’armes et d’armures, mais nous ne sommes pas des loueurs de costumes.
Les gens qui veulent rester pendant trois ans dans un groupe sans jamais s’acheter même un slip historique et qui profitent du matériel des autres ne trouveront pas ce qu’ils cherchent chez Pugna Nobilis.
Quel est le budget nécessaire pour reconstituer un lansquenet ?
Aujourd’hui, une tenue de base coûte environ 300 euros, ce qui est plus que raisonnable pour le travail que ça demande.
Et en plus, tant qu’elles sont historiques, on peut choisir ses couleurs et ses crevées !
Les armes de base, dague ou pique, voire la hallebarde, coûtent entre 90 et 180 euros, et il y faut y ajouter environ 160 euros pour une cuirasse ou un casque de base.
Comme les campements auxquels Pugna Nobilis est invité se déroulent assez souvent à l’étranger pendant les week-end, il est essentiel de pouvoir se fournir une tente historique, qui ne coûte pas beaucoup plus cher qu’une tente moderne, qui revient à 150 euros.
Si on est bricoleur, débrouillard, économe ou motivé, il y a toujours moyens de réduire les frais en faisant soi-même, à l’exception des armes, des armures et des chaussures, bien sûr.
C’est pour cette raison que la phase de la pique à Pugna Nobilis dure un an, cela donne le temps au membre d’économiser, de fabriquer, de coudre, de chercher… et de voir si il a vraiment envie d’investir dans ce type de passe-temps.
Nous-mêmes, nous avons mis trois ans à nous équiper entièrement, mais nous sommes parfaitement capables d’évoluer, de courir et de combattre en tenue pendant de longues périodes, sans nous blesser, et, surtout, sans blesser personne.
Quel public visez-vous ?
Pour peu que les gens qui s’intéressent à notre projet soient majeurs, mentalement et physiquement aptes aux activités qu’ils ou elles pratiqueront, et ouverts d’esprit, tout le monde est le bienvenu.
Les dames sont les bienvenues et peuvent rejoindre les rangs des combattants, ou des tireurs, ou du Tross, à la condition qu’elles participent aux entraînement en armes et en formation.
Cette section gère l’approvisionnement en eau et en sucre des combattants, car on se déshydrate très vite si on ne fait pas attention, mais elle constitue souvent l’ultime réserve de combat pour la bataille.
Rejoindre le Tross ne constitue donc en rien une déchéance car il est tout aussi important que les combattants.
Honneur à ces hommes et à ces femmes du Tross, sans qui nous ne pourrions combattre.
Ses membres suivent un entraînement à la dague et à l’épée car, quand il n’y a plus d’eau, il faut en trouver, quitte à la prendre chez l’ennemi.
Quant au risque d’être blessé, il existe mais cela arrive plutôt quand les gens manquent d’attention, de chance ou de sang-froid.
Le port de tenues adaptées, et l’emploi d’armes qui répondent à des impératifs stricts de sécurité, protège un peu nos magnifiques anatomies, mais cela ne remplace pas une gestion responsable de l’adrénaline car il n’existe pas de risque zéro.
Pour ce faire, nous demandons que chaque nouveau membre qui rejoint Pugna Nobilis dispose d’une couverture d’assurance de responsabilité civile valable pour les dégâts occasionnés.
Par conséquent, nos membres signent tous une décharge de responsabilité en rentrant chez Pugna Nobilis, et nous faisons le maximum pour éviter les accidents qui, il faut le reconnaître, sont très rares dans la reconstitution de la fin du XVème et du XVIème siècle.
Grâce à notre méthode d’apprentissage et d’entraînement, Pugna Nobilis n’a encore eu aucun accident à déplorer pendant ses activités, et nous allons continuer comme cela.
Quelles sont vos activités annuelles ?
Pour le combat, nous fonctionnons par modules évolutifs, à raison de un jour tous les mois et en extérieur, à cause de la longueur des piques.
Nous enseignons les techniques de combat offensif et défensif, afin que les membres de Pugna Nobilis puissent se préserver face à un adversaire trop impétueux ou irréfléchi.
Pour les manœuvres, Pugna Nobilis utilise les termes spécifiques de l’époque et en Allemand, afin de rester au plus près de la réalité historique. Nous évoluons en formations et apprenons aux membres à manœuvrer avec la vitesse et la correction requises.
Cela implique des week-end de trois jours et, parfois, jusqu’à huit heures de route, mais nous ne le regrettons jamais, bien au contraire.
Nous sommes très fiers d’appartenir au Fahnlein Feder de notre fédération international, la Bund Oberschwabischen Landsknechte, la Ligue des Lansquenets de Haute Souabe, qui a déjà plus de vingt ans.
Ces déploiements à grande échelle nous donnent l’occasion de manœuvrer au sein de carrés de plusieurs dizaines de combattants, en interaction avec les canons, les chevaux et les unités de tireurs qui existent en Allemagne, en France, au Luxembourg, en Angleterre, et en République Tchèque,
Nous y avons aussi l’occasion de combattre lors de grandes batailles qui regroupent parfois jusqu’à mille personnes organisées en compagnies de trois cent soldats, sous-officiers et officiers.
Nous avons une section d’artillerie de campagne, extrêmement mobile, ne recule devant aucun obstacle pour fusiller l’infanterie.
On tire à blanc, bien sûr, et avec des directives de tirs très strictes et très sécurisées, mais cela reste spectaculaire.
On tire la nuit aussi, mais en toute sécurité.
Venez nous voir, vous ne serez pas déçus/ues : nous serons à Vielsalm ces 10 et 11 août 2024
Reconstitution historique “Nicolas de Salm” – Destination Ardenne (infoardenne.com)
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