La vérité sur le lait
Voici l’occasion d’apporter quelques éclaircissements quant aux multiples réactions négatives que peuvent éprouver les humains vis-à-vis des produits laitiers animaux. C’est un sujet important car on entend beaucoup d’inepties sur ce thème, les gens confondant allègrement les trois composants principaux des laits.
Il s’agit des sucres, en particulier le lactose qui donne lieu à des intolérances ; des protéines comme la caséine, l’alpha-lactalbumine et la beta-lactoglobuline qui peuvent générer des allergies de différents types ; des graisses riches en acides gras saturés (acide stéarique et acide pentadécylique, notamment) et en acides gras trans (acide cis-linoléique, par exemple), ainsi qu’en cholestérol.
Commençons par les graisses. Les excès de cholestérol (mais il en faut pour rester en bonne santé quoiqu’on vous dise !) et d’acide pentadécylique sont considérés comme athérogènes. Mais l’acide stéarique ne semble pas néfaste et l’acide linoléique conjugué (CLA) serait même utile pour la santé, alors qu’il s’agit d’un acide gras trans, et ce par opposition aux acides gras trans créés artificiellement par le chauffage excessif des huiles végétales, tous extrêmement toxiques pour l’espèce humaine !
Les laits de mammifères contiennent un mélange complexe de nombreuses protéines, soit de multiples antigènes potentiels (on en dénombre une centaine !) à l’origine de réactions immunitaires – allergies vraies, soit de type immédiat (anticorps IgE), soit de type retardé (anticorps IgG). Les caséines des laits animaux diffèrent de celles du lait humain, d’où leur potentiel allergisant, tandis que la beta-lactoglobuline n’existe même pas dans le lait maternel car ce gène ne fait pas partie du génome humain.
Le lait de vache s’avère beaucoup plus protéiné que le lait humain, lequel est beaucoup plus sucré par sa richesse non pas en lactose mais en oligosaccharides, des petit sucres complexes très appréciés par les bifidobactéries de la flore intestinale du nouveau-né (propriétés bifidogènes). Le lait de chèvre et le lait de brebis sont intermédiaires, avec davantage de petit-lait que le lait de vache, et donc plus proches du lait humain qui, de tous les laits de mammifères, contient le plus de petit-lait (mélange de protéines souvent bénéfiques, dont l’alpha-lactalbumine).
Cela explique l’allergénicité maximale du lait de vache, moindre du lait de chèvre et encore moindre du lait de brebis, même si on trouve évidemment des variations individuelles considérables. L’allergénicité se réduit si on hydrolyse ces protéines, d’où certaines formules de laits hydrolysés hypoallergéniques pour les nouveau-nés.
L’allergie fréquente aux protéines du lait de vache doit certainement trouver son explication dans le fait qu’elles sont introduites trop précocement dans l’alimentation du nourrisson, contrairement à ce que l’on pratiquait un siècle auparavant avec l’allaitement maternel prolongé et grâce aux nourrices. Lors des 6 à 12 premiers mois de la vie, la muqueuse intestinale reste anormalement perméable pour permettre aux anticorps protecteurs du lait maternel (anticorps IgA, absents du lait de vache) de venir en aide au système immunitaire immature du petit enfant, incapable de déjà les synthétiser. Tout rentre dans l’ordre plus tard, mais trop tard pour bien des nourrissons qui se sont allergisés au lait de vache… et à la banane en purée !
Le lait de vache abonde en lactose, un disaccharide (glucose + galactose) qui ne peut être digéré que par l’action de la lactase, un enzyme (disaccharidase) exprimé exclusivement dans la muqueuse de l’intestin grêle. Lorsque celle-ci est agressée par un épisode diarrhéique, par exemple, nous éprouvons des difficultés à tolérer le lactose pendant quelques jours, le temps mis par la bordure en brosse pour récupérer.
Cette intolérance au lactose ne reflète donc que le manque de l’enzyme lactase, temporaire dans le cas décrit, permanent pour pas mal de Caucasiens et pour l’immense majorité des autres populations du globe chez qui elle constitue la règle et non l’exception. Ce n’est pas une allergie, il n’y pas d’anticorps et pas d’intervention du système immunitaire : c’est bien ce qu’on appelle une « intolérance ».
Voilà pourquoi tous ceux qui croient échapper aux effets dévastateurs de l’allergie aux protéines laitières en achetant du lait sans lactose font une grosse bêtise ! Il faut reconnaître que le marketing de ces produits « sans lactose » est particulièrement pervers, car il s’adresse à tous ceux qui digèrent mal le lait, sans aucune distinction …
On trouve du lait écrémé (sans graisses) et du lait sans lactose (sans sucres), mais pas de lait sans protéines. Ou alors on peut considérer que le lait sans graisses, sans sucres et sans protéines n’est rien d’autre que de l’eau claire !
Pour remplacer les laits animaux chez les allergiques, on peut se tourner vers les laits végétaux, mais attention à la teneur en sucres. Lisez les étiquettes ! Il faut en outre veiller à effectuer des rotations et à ne pas abuser du lait de soja. Vous trouverez une liste complète des laits végétaux courants sur mon site internet www.gmouton.com.
- Auteur et rédacteur : Dr Georges Mouton
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Publication : Éric Klein
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