Les outils pratiques du Shiatsu pour accompagner une cicatrice
► La cicatrice
Dès la première séance, après l’anamnèse, je demande si la cliente est d’accord pour me montrer sa cicatrice. Ce temps d’observation permet d’évaluer son état : rougeur, épaisseur, souplesse, œdème… Une cicatrice saine, est comme un fil de couture, claire, souple. Si besoin, je réoriente vers une infirmière ou une kiné spécialisée pour faire un bilan médical.

Cicatrisation hypertrophique

Cicatrisation rétractile
Ensuite, je l’interroge : est-ce qu’elle regarde sa cicatrice ? La touche ? La masse ? Ce bilan m’indique son rapport au corps, à la douleur, à cette zone.
Sur le futon, je commence presque toujours par le dos. Parce que la plupart des cicatrices sont sur la face antérieure du corps, et qu’elles provoquent une posture de protection : repli, tension du diaphragme, respiration haute. J’ouvre donc la structure, je détends le haut du dos, les omoplates, le diaphragme, les hanches.
Puis je me rapproche progressivement de la zone opérée. Je travaille les méridiens impactés, puis la cicatrice elle-même — en utilisant des tenugui (foulards légers) si je ne sens pas la cicatrice sous les vêtements.

Je commence souvent par un transfert de Ki autour de la cicatrice : de part et d’autre, je cherche à ressentir le passage d’information et pour cela il faut parfois que je m’éloigne de la cicatrice pour retrouver le tissu sain, là ou les cellules communiquent. Je me rapproche alors petit à petit pour renouer cette connexion tissulaire.
Chaque pression se fait avec le consentement progressif de la cliente : “puis-je poser la main ? exercer une pression à 1/10 ? à 2/10 ?” La réponse est toujours respectée. C’est dans ce cadre que le relâchement peut émerger.

► 3 gestes simples à transmettre dès la cicatrisation (à partir de J+21)
█ Le massage direct
👉 Appuyer doucement avec l’ensemble de la main sur la cicatrice, par-dessus les vêtements, en la déplaçant dans toutes les directions (haut-bas, gauche-droite, cercles). À faire 1 à 2 minutes par jour, sans crème.
█ Le miroir et le mouvement
👉 Observer la cicatrice dans un miroir, bouger la peau comme si on voulait lui faire faire des grimaces. Cela permet de recréer une connexion visuelle et motrice.
█ La stimulation sensorielle
👉 Passer une petite balle à picots, un ridoki ou une brosse douce sur la zone (surtout en cas d’engourdissement ou perte de sensibilité). Commencer à distance puis s’approcher.
💡 Objectif : que la cliente redevienne actrice. Ce sont les petits gestes répétés qui transforment la zone figée en zone vivante.

► Complément • Différencier les cicatrices, approfondir les approches
Ces gestes sont des bases accessibles. Mais il existe de nombreux types de cicatrices : hypertrophiques, atrophiques, adhérentes, internes, irradiées … Chacune demande une technique spécifique.
C’est ce que je transmets dans mes formations à destination des praticien.nes en Shiatsu et professionnel.les du soin. Le Shiatsu n’agit pas à la place des soins médicaux — il agit en synergie, en relance, en continuité. Il propose une voie sensible et structurée pour aider les clientes à se réapproprier ce qui a été coupé.
► Cas clinique (1) • La boule invisible niveau facile

L’une de mes premières expériences est celle d’une femme de 28 ans, mère depuis peu, venue me consulter après une réduction mammaire. Elle se plaignait d’une “boule” située sur le bord externe du sein, presque sous l’aisselle. Rien de visible, mais une gêne constante qui l’inquiétait. Son chirurgien lui avait assuré que ce n’était rien, que cela resterait ainsi, et qu’il n’y avait “rien à faire”.
Elle m’a raconté son accouchement, le stress de l’opération, la sensation de ne pas être entendue quand elle a signalé cette gêne, sa peur que cela ne parte jamais.
Après un travail global pour relâcher le corps, j’ai localisé, avec son aide, la zone douloureuse, à distance de la cicatrice. J’ai utilisé un transfert de Ki, sans pression directe, simplement en posant mes pouces autour de la zone d’adhérence. Peu à peu, sous mes doigts, la densité a changé. J’ai fini par ne plus sentir la masse. Je lui ai demandé de vérifier elle-même. Elle a touché, cherché, puis m’a regardée, stupéfaite :
« Je ne sens plus rien. Il n’y a plus rien. ». Puis les larmes sont venues. Elle m’a dit : « Je pensais que je serai marquée à vie, je suis libérée, vous ne pouvez pas savoir comme je me sens bien. C’est incroyable. »
► Cas clinique (2) • Introduction • Relier l’intime et le professionnel
Travailler en duo avec une kiné spécialisée

En France, certaines kinésithérapeutes spécialisées en sénologie développent des techniques précises pour le traitement des cicatrices post-opératoires. Il m’arrive souvent de collaborer avec elles. Quand le soin stagne, malgré deux séances par semaine, la kiné m’envoie sa cliente pour relancer la dynamique.
C’est notamment le cas après une mastectomie ou une reconstruction, où peuvent persister des tensions : œdème du bras, perte de sensibilité, brides axillaires allant jusqu’au nombril, voire jusqu’au creux de la main.
Je travaille alors le dos, l’omoplate, le rhomboïde, le grand pectoral, les méridiens impactés : Cœur, Maître-Cœur, Rate, parfois Foie ou Poumon, ou les méridiens autour du SCM. Je cherche à sentir la zone Jitsu, le méridien impacté et la zone de la stagnation, et je le travaille dans sa profondeur tissulaire, en allant jusqu’au bout des du méridien. Et après la séance, la cliente se sent plus légère, la kiné m’écrit : « Le bras a lâché, on peut retravailler. »
C’est une collaboration précieuse : une séance de Shiatsu tous les mois ou six semaines peut suffire à relancer un processus qui stagnait, et à aider la cliente à récupérer plus vite, avec plus de confort. C’est une vraie intelligence collective du soin.

► Conclusion • Intégrer
Travailler une cicatrice, c’est certes détendre des tissus ou relancer la circulation du Ki mais c’est aussi écouter un corps qui a été interrompu. Une opération, même réussie, laisse des traces dans la chair, dans la structure énergétique, dans la mémoire sensorielle.
Ce que m’a appris le Shiatsu, c’est que cette rupture peut devenir un point d’ancrage. Il est nécessaire d’oser travailler la zone de la cicatrice, avec méthode selon le type de cicatrice, avec patience, alors la zone opérée redevient écoutée, intégrée. Dans un monde où l’on soigne de plus en plus vite, souvent en compartimentant, je crois que notre rôle de praticien.nes en Shiatsu est justement là : relier ce qui a été coupé, sans forcer, mais sans éviter. Ouvrir un espace pour que le ou la cliente se réapproprie son corps, en fasse de nouveau un lieu habité, senti, et vivant.
► Continuing Professional Development (CPD) • Réflexion • Question

█ Comment puis-je affiner mon toucher et mon écoute pour m’approcher d’une cicatrice avec justesse ?
█ Et si je laissais mon travail énergétique rencontrer la réalité tissulaire, que découvrirais-je ?

Auteure et rédactrice : Fanny Roque, Formatrice et Praticienne Shiatsu spécialisée en Shiatsu cycles menstruels, maternité et cancérologie • Présidente de la FFST (Fédération Française de Shiatsu Traditionnel). Retrouvez moi sur mon site internet https://www.fannyroque.fr/, sur ma chaine Youtube mes pages Facebook, Instagram et LinkedIn,
Pour me contacter directement par courriel pour une séance ou tout autre demande, voici mes coordonnées : secretariat.shiatsufanny@gmail.com • +33 6 87 90 54 15.

Publication : Éric Klein, Ostéothérapeute et Praticien Shiatsu • Retrouvez moi sur mon site internet http://osteoshiatsu.fr, sur mes pages Facebook, LinkedIn et Instagram,
Pour me contacter directement par courriel ou par téléphone, voici mes coordonnées : eric.klein@osteoshiatsu.fr • +33 (0)6 49 01 51 09.
Infos Bien-être
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